English below. En spiritualité asiatique, il est souvent question d'obéir à une sadhana. Dans le yoga (mystique), par exemple, celui du « Yogasûtra » de Patanjali ou de la Bhagavad-Gîtâ (Le chant de l'éveillé), krishna parle beaucoup d'obéir, mais en occident, on n'aime pas obéir !
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Le mot « obéir » n'est pas à la mode et l'obéissance est un concept désuet, comme le mot « désuet » et qui n'a pas l'heur de plaire aux nouvelles générations non plus ! Quand je regarde la définition des dictionnaires, je comprends un peu pourquoi : « Obéir : en un, se soumettre à quelqu'un en se conformant à ce qu'il ordonne ou défend. En deux ; se conformer, se plier à ce qui est exigé par autrui ou par soi-même. Obéir à un ordre. » (Larousse)
Il y a des métiers, des vocations, où l'obéissance est importante, comme dans l'armée ou un monastère, une abbaye. Quand on est enfant, on doit obéir... de moins en moins, remarquez. Depuis déjà un moment, les adultes ont tendance à tenir compte de l'avis des enfants. Les enfants, s'en trouvent-ils mieux que ceux d'avant, qui devaient obéir et ne pas contredire un adulte ayant, sur eux, un ascendant ?
Un autre milieu, où l'obéissance est de mise, c'est celui de l'entreprise : on a signé un contrat et ce contrat nous oblige à obéir. Sur la route aussi, on se doit d'obéir... au code de la route ! Bref, vous avez compris qu'il y avait beaucoup d'obéissances, dans la vie, et pourtant, ou peut-être à cause de ça, l'obéissance n'est pas prisée. Pour beaucoup, obéir, c'est se soumettre.
On fait tout pour échapper à ce carcan de l'obéissance, en fraudant, en ne respectant pas le code de la route, espérant ne pas se faire prendre, etc. On a tellement à obéir, dans la vie, que chaque fois que l'obéissance ne nous est pas imposée par des moyens coercitifs, on l'évite !
Obéir, c'est se soumettre, c'est-à-dire : « se mettre en dessous ». En anglais, on pourrait s'amuser en disant que « se tenir en dessous » se dit « understanding » ou plutôt : « Debout en dessous ». « under » signifiant « dessous » et « standing », « debout ». En vérité, « understand » ne veut pas dire « se tenir en dessous » ! Mais « comprendre ».
Le vrai sens du mot
« Obéir » signifie « comprendre » ! Pas aujourd'hui, selon l'usage et les dictionnaires, mais à l'origine, si l'on se fie à son étymologie. Le mot « obéir » voulait dire, entre autres choses, « comprendre ». « Obéir » ou « ob-audire », vient du verbe latin : « oboedire », signifiant : « prêter l'oreille ».
« Ob-audire » est fait du préfixe latin « ob » et de « audio », du grec : « aiô », « aisthanomaï », « percevoir par les sens, percevoir par l'intelligence, comprendre ». Le mot grec : « aiô » vient du sanskrit « avih » qui veut dire « évidemment », « ce qui est manifeste », dans le sens de « ce qui est entendu ».
À l'époque romane, au Moyen Âge, le mot obéir voulait dire, entre autres : « s'engager ». Par exemple : « ... obeissans à paier le pris que cousté avoit. » (dictionnaire Curne de Sainte-Palaye), signifiait : « s'engageant à en payer le prix ». C'est ainsi que s'engager à ne plus obéir est impossible !
Obéir en spiritualité
En spiritualité asiatique, il est beaucoup question d'obéir à une sadhana. Dans le yoga (mystique), par exemple, celui du « Yogasûtra » de Patanjali ou de la Bhagavad-Gîtâ (Le chant de l'éveillé), krishna parle beaucoup d'obéir, d'obéissance, mais le mot n'est pas utilisé : on y parle plutôt d'observance, par exemple, dans le verset 41 du chapitre deux.
Aujourd'hui, un maître spirituel qui dirait haut et fort que l'obéissance et la soumission sont des vertus essentielles de la spiritualité, se verrait vilipendé, insulté, traité de gourou*, sous-entendant par là : « Escroc mégalomane, pervers narcissique ». C'est pourquoi ces mots ne sont pas employés.
* En France, le mot "guru", qui signifie "qui chasse les ténèbres de l'ignorance par la lumière de la connaissance, s'écrit souvent "gourou" et désigne un escroc totalitaire.
Pourtant, on vient de voir qu'obéir, c'était comprendre et que la soumission, se tenir en dessous aussi. Cette désaffection pour ces mots vient, je crois, des quelques scandales de faux gurus qui ont abusé, financièrement, mentalement et sexuellement de leurs disciples.
Ces faux gurus (ces gourous) utilisaient les mêmes mots que les vrais gurus et swamis, maîtres spirituels authentiques, mais en détournant leurs propos à leurs avantages, c'est ainsi qu'ils ont disqualifié ces notions essentielles de toute vraie spiritualité.
Un disciple n'est pas soumis à un guru, mais à un enseignement. Le guru qui prendrait cette soumission pour lui deviendrait un gourou ! Un vrai guru ne peut pas exiger de ses disciples de faire quelque chose qui soit contre leurs intérêts et leurs dignités.
En Inde, il existe une ancestrale institution éducative, le gurukula où la relation guru/chela (disciple, élève) est bien définie et il n'est nulle part question que le maître abuse, de quelques manières que ce soit, de son élève !
À qui se soumet-on ?
Il y a des gens qui sont contre l'obéissance et c'est bien leur droit ; Dieu nous a fait avec le libre-arbitre et chacun est libre de faire ce que bon lui chante, dans les limites de la loi et considérant que « La liberté individuelle s'arrête là où commence celle de l'autre. »
Cette notion est dans la déclaration des droits de l'Homme de 1789 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. » Mais ces gens, rétifs à toute idée d'obéissance, de soumission, d'où leur vient cette résolution farouche ? Qu'est-ce qui, en eux, tient à cette posture ? La vanité, en fait, ils sont soumis à leur vanité. Mais comme cette vanité est la leur, peu les importe de lui être soumis.
L'important, dans la vie et dans la spiritualité, n'est pas tant d'être soumis ou pas, d'obéir ou pas, quel que soit le sens que l'on donne à ce mot, comprendre ou se soumettre. L'important, c'est à quoi on se soumet !
Si on est soumis à quelque chose qui nous plombe, alors ce n'est pas bien, mais si on est soumis à quelque chose qui nous libère, alors c'est cool ! Si on se soumet à l'amour de Dieu, si on se soumet à la béatitude, si on se soumet à la lumière intérieure, n'est-ce pas cool ?
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Obey
The word «obey» is not hip and obedience is an outdated concept, like the word "obsolete" and who is not happy to please the new generations ! When I look at the definition of dictionaries, I understand why: "Obey: in one, submit to someone by conforming to what he orders or defends. In two; to conform, to conform to what is required by others or by oneself. To obey an order." (Larousse)
There are jobs, vocations, where obedience is important, as in the army or a monastery, an abbey. When you’re a child, you have to obey... less and less, notice. For some time now, adults have tended to listen to children’s opinions. Are children better off than those before, who had to obey and not contradict an adult with an ascendant over them?
Another environment, where obedience is required, is that of the company: we signed a contract and this contract obliges us to obey. On the road too, we must obey... the rules of the road! In short, you have understood that there is much obedience in life, and yet, or perhaps because of that, obedience is not prized. For many, to obey is to submit.
We do everything to escape this straitjacket of obedience, by cheating, by not respecting the rules of the road, hoping not to be caught, etc. We have so much to obey, in life, that whenever obedience is not imposed on us by coercive means, we avoid it!
To obey is to submit, that is to say: "to put oneself under". In English, we could have fun by saying that "standing below" is said "understanding" or rather: "Standing below". In truth, "understand" does not mean "standing below"!
The True Meaning of the Word
“Obey” means “understand”! Not today, according to usage and dictionaries, but originally, according to its etymology. The word “obey” meant, among other things, “understand”. "To obey", "obéir" in french, or "ob-audire", comes from the Latin verb: "oboedire", meaning: "to listen".
"Ob-audire" is made of the Latin prefix "ob" and "audio", from the Greek: "aiô", "aisthanomaï", "perceiving through the senses, perceiving through intelligence, understanding". The greek word: "aiô" comes from Sanskrit "avih" which means "obviously", "what is manifest", in the sense of "what is understood".
In romanesque times, in the Middle Ages, the word obey meant, among other things: "to engage". For example: "... obeissans à paier le pris que cousté avoit.» (Old french, Curne de Sainte-Palaye dictionary) , meant “committing to pay the price”. This is how committing to no longer obey is impossible!
Obey in Spirituality
In Asian spirituality, there is much talk of obeying a sadhana. In (mystical) yoga, for example, Patanjali’s “Yogasûtra” or Bhagavad-gītā, kṛṣṇa talks a lot about obedience, but the word is not used; instead, it talks about observance, for example, in verse 41 of chapter two.
Today, a spiritual master who would say loud and clear that obedience and submission are essential virtues of spirituality, would be vilified, insulted, called a gourou*, implying by this: «Megalomaniac swindler, narcissistic pervert». That is why these words are not used.
* In France, the word "guru", which means "who drives away the darkness of ignorance by the light of knowledge, is often written "gourou" and refers to a totalitarian crook.
Yet, we have just seen that obeying was understanding and that submission, standing below also. This disaffection for these words comes, I believe, from the few scandals of false gurus who have abused their followers, financially, mentally and sexually.
These false gurus (these gourous) used the same words as the true gurus and swamis, authentic spiritual masters, but by diverting their words to their advantages, this is how they disqualified these essential notions from any true spirituality.
A disciple is not subject to a guru, but to a teaching. The guru who would take this submission for him would become a guru! A true guru cannot require his followers to do anything against their interests and dignities.
In India, there is an ancestral educational institution, the gurukula where the relationship guru/ chela (disciple, pupil) is well defined and there is no way that the master abuses, in any way, his pupil!
To Whom Do We Submit?
There are people who are against obedience and that is their right; God has made us with free will and everyone is free to do what he pleases, within the limits of the law and considering that "Individual freedom ends where that of the other begins."
This notion is in the Declaration of Human Rights of 1789: "Freedom consists in being able to do anything that does not harm others." But these people, reluctant to any idea of obedience, submission, where does this fierce resolution come from? What, in them, holds this posture? Vanity, in fact, they are subject to their vanity. But as this vanity is theirs, they do not care to be submissive.
The important thing, in life and in spirituality, is not so much to be submissive or not, to obey or not, whatever meaning one gives to this word, to understand or to submit. The important thing is what we submit to!
If you’re being subjected to something that drives you crazy, then that’s not good, but if you’re being subjected to something that frees you, then that’s cool! If you submit to the love of God, if you submit to bliss, if you submit to the inner light, isn’t that cool?
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