La plupart des mots ne sont pas « déposés », et chacun a le droit de leur donner le sens qu'il veut. Les mots n'ont pas souvent une seule acception, un seul sens, ce qui ajoute à l'imprécision due à la « fantaisie » de chacun, celle du nombre de sens. C'est un peu ça, le mythe de Babel !
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La plupart des mots ne sont pas « déposés », et chacun a le droit de leur donner le sens qu'il veut. Les mots n'ont pas souvent une seule acception, un seul sens, ce qui ajoute à l'imprécision due à la « fantaisie » de chacun, celle du nombre de sens. C'est un peu ça, le mythe de Babel !
Quand bien même les mots n'auraient-ils qu'une acception, connue de tous les locuteurs de la langue, encore faudrait-il que nous ayons tous la même compréhension, pour communiquer sans risque de distorsion. Mais, ce n'est pas le cas, l'intelligence, l'instruction, la culture et la conscience de chacun sont différentes, ce qui ne simplifie pas l'usage des mots.
En général, quand il y a un désaccord, à propos du sens d'un mot, je me réfère à deux choses : le dictionnaire et l'étymologie. Il faut aussi tenir compte de qui a utilisé le mot, dans quelle phrase, à quelle époque et, quand il s'agit d'un personnage des temps anciens, quelle langue il parlait à l'époque et quelle était son « école de pensée ».
L'humilité
Je vais, aujourd'hui, prendre un exemple : le mot humilité. Si je prends ce mot, pour le décortiquer un peu, c'est parce qu'il parle d'une vertu spirituelle importante, pour La Voie, dans le processus de réalisation. Intéressons-nous à ce qu'en dit le dictionnaire, le Larousse définit l'humilité ainsi : « Sentiment, état d'esprit de quelqu'un qui a conscience de ses insuffisances, de ses faiblesses et est porté à rabaisser ses propres mérites : avouer ses fautes avec humilité. »
Cette définition est, selon moi, imparfaite et contient une erreur. Je préfère l'explication qu'en donne Wikipédia : « Le mot humilité (du mot latin humilitas, dérivé de « humus », signifiant « terre ») est généralement considéré comme un trait de caractère d'un individu qui se voit de façon réaliste. L'humilité s'oppose à toutes les visions déformées qui peuvent être perçues de soi-même (orgueil, égocentrisme, narcissisme, dégoût de soi), visions qui peuvent relever de la pathologie à partir d'une certaine intensité. »
Vous voyez que l'humilité n'est pas la modestie, avec laquelle elle est souvent confondue. Il est habituel que, lorsque quelqu'un de compétent dit sa compétence, on ait cette réflexion : « Quel manque d'humilité ! ». Mais si cette personne possède vraiment la compétence qu'elle dit, en quoi est-ce un manque d'humilité de le dire ? C'est peut-être un manque de modestie, mais pas d'humilité.
« Les mots terre, humilité et Homme ont tous la même racine latine : « humus » et ce mot latin a une racine indo-européenne, « ghyom », qui signifie « terre ». Dans la genèse, Dieu ne donna-t-il pas la vie à de la terre, pour créer Adam ? L’humilité est le terreau qui permet à la graine de la connaissance (non apprise), de pousser en l’homme. Sans humilité, la graine ne germera pas. » (extrait de : « La vraie humilité », du blog lavoie.eu).
La modestie
Alors... La modestie, qu'est-ce que c'est ? Voyons le Larousse : « Pudeur dans l'expression des sentiments : la modestie de son regard. Modération, réserve, retenue dans l'appréciation de soi-même : sa modestie est excessive. Faiblesse, peu d'importance de quelque chose : la modestie de vos exigences me surprend. »
Le « CNRTL » (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales), en dit plus, à propos de la modestie : « Modération, médiocrité, absence d'éclat, retenue dans la manière de parler de soi, absence de vanité, pudeur, décence. » Vous voyez ce que je veux dire : modestie veut dire, en même temps, retenue, pudeur et médiocrité. Quand des personnes riches parlent des « gens modestes », ils ne veulent pas dire que ces gens n'ont pas de vanité, mais plutôt qu'ils sont médiocres. En tout cas l'humilité n'a rien à voir avec la modestie !
Humiliation
Parfois, l'humilité est confondue avec l'humiliation. Le Larousse défini l'humiliation ainsi : « Sentiment de quelqu'un qui est humilié, atteint dans sa fierté, sa dignité : éprouver de l'humiliation à la suite d'un refus. Sentiment de honte qui résulte de telles causes : l'humiliation de la défaite. Acte, situation qui humilie, blesse l'amour-propre : essuyer une humiliation. » Le CNRTL parle d'abaissement. Donc l'humiliation serait le fait d'être abaissé ? Ou rabaissé ? Ce n'est pas la même chose ! Sans doute, s'agit-il de rabaissé.
Wikipédia explique : « Une humiliation est un rabaissement conduisant à une mortification, un état d'impuissance ou soumission. L'humiliation peut être faite depuis une agression, intimidation, maltraitance physique ou mentale, ou par embarras lorsque le comportement d'un individu est perçu comme socialement ou légalement inacceptable. Alors que l'humilité survient dans le but de rabaisser l'ego, l'humiliation implique une relation entre individus. »
Une petite précision, à propos de l'explication de Wikipédia : le mot « ego » est utilisé improprement, mais c'est la plupart du temps le cas : le mot « ego » est utilisé pour parler du « faux-ego ». En effet, l'ego est une bénédiction, il permet à l'âme-incarnée d'avoir conscience d'elle-même, tandis que le « faux-ego » parle de la vanité, née de l'ignorance.
Dans certains livres anciens, tels la Bhagavad-Gîtâ, le mot « faux-ego » est employé en lieu et place du mot « ego ». « Celui que les plaisirs matériels n’attirent plus, qui n’est plus esclave de ses désirs, qui a rejeté tout esprit de possession et qui s’est libéré du faux-ego, peut seul connaître la Paix parfaite. » (Bhagavad-Gîtâ 2.71 et « Le chant de l'éveillé », extrait de 1.17).
« Sous l'influence de la nature humaine (les trois gunas), la conscience égarée par le faux-ego croit être l'auteur de ses actes, alors qu'en réalité, ils sont accomplis par la nature. » (Bhagavad-Gîtâ 3.27 et « Le chant de l'éveillé », extrait de 2.6). Il y a d'autres exemples, mais les donner prendrait trop de place ici. Je ne peux que vous inviter à lire ce livre.
Vous voyez que l'humilité, qui est le fait de se considérer sans se surestimer ni se sous-estimer, n'a rien à voir avec la modestie ni l'humiliation. Aussi, quand une voie spirituelle prône l'humilité, comme une de ses vertus cardinales, ne pensez pas à la modestie ni à l'humiliation. S'humilier ou être humilié n'est pas se « modestiser » ! Pour ce qui est de la modestie, c'est une qualité humaine, pas une vertu spirituelle. Une vertu spirituelle, comme la simplicité, l'humilité, la constance, permet à l'âme d'avancer dans la Réalisation spirituelle. On peut très bien manquer de modestie et avoir une conscience profonde.
Autres textes sur l'humilité :
– L'humilité, vertu spirituelle.
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