Que voulait dire Kabîr (1441-1518), le mystique poète, quand il disait : « Le travail n'a pas d'autre but que la connaissance ». De quel travail parlait-il et de quelle connaissance ? Kabîr a dit aussi que le travail de celui qui a trouvé le Saint-Nom est accompagné d'harmonie. Cette description est celle du service, un des trois piliers de La Voie.
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Que voulait dire Kabîr (1441-1518), le mystique poète, quand il disait : « Le travail n'a pas d'autre but que la connaissance ». De quel travail parlait-il et de quelle connaissance ? Kabîr a dit aussi que le travail de celui qui a trouvé le Saint-Nom* est accompagné d'harmonie. Cette description est celle du service, un des quatre piliers de La Voie. Donc le travail dont parlait Kabîr est une ascèse, un des quatre piliers de la sadhana de La Voie, ce service qui est le « non-agir » de Lao-Tseu et le « service de dévotion » de Krishna. Kabîr affirmait que « Aussi longtemps que l'homme réclamera le Moi et le Mien, ses œuvres seront comme zéro ».
* Saint-Nom : pour Lao-Tseu, la "vertu du Tao". Le mot est un lien, cliquez dessus pour plus d'explications.
Réclamer le moi et le mien est le contraire du « non-agir », selon Lao-Tseu, ou du « service de dévotion », ou « l'abandon du fruit de ses actes », selon Krishna. « Pour qui adore le Saint-Nom, lui abandonne tous ses actes et se voue à Lui sans partage, absorbé dans le Service et méditant constamment sur Lui, il est le libérateur qui l'arrachera à l'océan des morts et des renaissances. » (10:4 du chant de l'éveillé ou 12:6-7 de la Bhagavad-Gîtâ). Mais il reste la question de la connaissance, quelle est cette connaissance, seul but du travail, ou service ?
La connaissance
non apprise
À ce sujet, Lao-Tseu disait, de celui qui connaissait la loi éternelle, qu'il possédait la connaissance non apprise du Tao (Tao-Te-King, livre un, phrase 16). Cette connaissance non apprise n'est pas une connaissance apprise ! Je sais, c'est une tautologie, c'est juste pour bien poser les choses : tout le travail de l'homme n'a de sens que s'il mène à la connaissance, mais la connaissance non apprise (vijnana, Veda).
Lao-Tseu affirmait qu'avec peu de connaissances, on gagne la paix du Tao (Tao-Te-King, livre un, phrase 22)... Oui, toutefois Lao-Tseu, dans ce verset, parlait de la connaissance apprise ! La preuve ? « Les connaissances apprises, l'intelligence, ne sont que des fleurs sans parfum, sources d'erreurs ». (Tao-Te-King, livre deux, phrase 38)
La connaissance (non apprise) dont parlaient Kabîr et Lao-Tseu ne se trouve pas dans les livres, ni dans les enseignements d'un maître d'école, mais à l'intérieur de soi : « ... c'est dans la profondeur et non à la surface, qu'il puise sa connaissance et son amour. ». (Tao-Te-King, 2:72).
Mais, cette connaissance non apprise, puisée à l'intérieur n'est pas une connaissance venue du mental, après mûres réflexions intellectuelles. Cette connaissance vient de l'intérieur à force de travail, ce travail dont parlait Kabîr, qui est un des quatre piliers de La Voie, c'est-à-dire le service. On peut aussi dire que ce travail est l'Observance, autrement dit la pratique des trois premiers piliers, pas seulement le service !
Krishna a dit la même chose, dans « Le chant de l'éveillé » (chapitre un, verset 7, ou chapitre deux, versets de 39 à 41 de la Bhagavad-Gîtâ) : « Après avoir reçu la connaissance de la nature réelle de l'âme, l'initié peut maîtriser le mental, ce qui lui permet de se détacher du fruit de ses actes, alors il goûte aux délices de l'harmonie, de sa Grâce. Pour l'initié, pratiquant la vraie voie, aucun effort n’est vain, nul bienfait acquis n’est jamais perdu ; chaque pas le rapproche de la Libération. Résolu dans l'Observance, il n'a qu'un but : rester dans l'harmonie. Celui qui manque de constance, connaît la confusion. »
Krishna, dans ce verset, résume les propos de Kabîr et de Lao-Tseu ! Agir sans être lié à ses actes, au karma, c'est le service. Krishna ajoutait : « Absorbé dans le service, l'initié pratiquant la vraie voie a son séjour dans l'Unité et, renonçant aux fruits de ses actes*, il s’affranchit du cycle des incarnations, libre de toute souffrance. » (« Le chant de l'éveillé », extrait du chapitre un, verset 11, Bhagavad-Gîtâ, chapitre deux, versets 51 à 53).
*Fruit de ses actes : karma.
Kabîr, Krishna, Lao-Tseu enseignaient la même voie spirituelle, chacun à son époque et dans son pays, sa langue. Les connaissances des livres saints (jnana) étaient considérées comme vaines par Krishna et Lao-Tseu : « Quand tu ne seras plus distrait par les connaissances vaines, des livres-saints, quand tu seras entièrement tourné vers la réalisation, alors tu seras et resteras dans l'Unité ». (Krishna, « Le chant de l'éveillé », extrait du chapitre un, verset 11, Bhagavad-Gîtâ, chapitre deux, versets 51 à 53).
Kabîr : Né à vârânasî (Bénarès) vers 1440 et décédé en 1518. Sage et poète en langue hindie (le premier à ne pas écrire en sanskrit), il était à la fois hindou, Vishnouïte et musulman soufi, selon les commentateurs. Il est considéré comme un sage par les hindoux et les sikhs aussi. Il était contemporain de guru Nanak, le maître à l'origine de la religion sikh. Guru Nanak était un maître de La Voie, comme Lao-Tseu, Bouddha, Krishna, Patanjali et d'autres. Kabîr a sans doute rencontré Guru Nanak et l'aurait initié aux techniques de La Voie. Si Kabîr est considéré comme hindou par les hindoux, musulman par les musulmans et Vishnouïte par les vishnouïtes, il était avant tout un maître de La Voie et La Voie n'est d'aucune religion : elle est une pratique.
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