Voilà un conte comme on aimerait en lire plus souvent ! En plus il dit des choses sur la voie et vous ne savez pas tout : ce conte, c’est moi qui l'aie inventé ! Incroyable, non ? Si vous aimez les contes lisez celui-là. Même un enfant pourrait le lire ! À condition qu'il ait appris à lire, bien sûr !
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Présentation
Il était une fois, dans un pays lointain par rapport à nous, à une époque indéterminée, une personne qui avait reçu un trésor inestimable pour elle et sa famille. Pour nous ce trésor n'en serait pas un et nous ne nous retournerions même pas si nous passions à côté. Mais pour le personnage principal de cette histoire, ainsi que pour toute sa famille ce trésor en était un.
Le riz à semer
Quel était ce trésor ? De l'or ? Des diamants ? Non, rien de tout cela. Un gros tas de billets ? Une grande maison sur Beverly-hills ? Non, rien de tout cela non plus. Le trésor dont il est question ici est un gros tas de riz à semer.
Suraphon, avait travaillé avec Pranee et leurs trois plus grands enfants, des mois à la rizière, sur le flanc de la montagne où ils vivaient, afin de semer, puis de récolter suffisamment de riz pour leur subsistance. Ils en espéraient un peu plus qu'ils pourraient revendre et gagner quelque argent pour l’acquisition de ce qu'ils ne savaient pas faire eux-mêmes.
Creuser, monter des murs de pierre, aplanir, faire venir l'eau du torrent voisin jusqu'aux terrasses et les clôturer pour les protéger de l'incursion de bêtes gourmandes, buffles et cochons sauvages, voilà les efforts déployés. Ils n'avaient pas terminé ces aménagements, il s'en fallait de quelques jours pour qu'ils pussent semer le riz dans l'espoir d'une belle récolte qui leur permettrait de se nourrir tout l'hiver.
Maintenant on leur avait offert un tas de riz à semer, un gros tas de riz. Ce tas de riz était si précieux au regard de la récolte qu'il contenait potentiellement, qu'il fallait le protéger des éventuelles intempéries et de l'appétit des animaux, oiseaux, cochons et buffles.
Un inconnu arriva sur ces entre-faits
Un vieil homme qui respirait la sagesse et la bienveillance. Sa vêture modeste, mais propre, son sourire qui envahissait tout son visage jusqu'aux yeux lui donnaient l'apparence d'un Confucius ou d'un Lao-Tseu vagabond et inspiraient le respect et la confiance. Après les salutations d'usage le vieil homme s'enquit du souci où semblait être Suraphon et après avoir entendu ses explications lui donna ce conseil : « Construis un grenier en hauteur, à la toiture étanche où tu remiseras ton riz afin de le protéger des convoitises et de la pluie. Qu'il soit parfaitement bâti. »
La construction du grenier
Suraphon se mit à l’œuvre : il alla chercher le bois nécessaire. Après une journée de travail, il ramena des perches de gros bambous et d'autres plus fines et se mit à la construction. Les pieux de soutien étaient plantés en terre et la plate-forme déjà presque terminée quand l'ancien revint. Après avoir fait le tour du chantier, avoir secoué chacun des six piliers de gros bambou et les avoir fait trembler il dit :
- « Le travail est bien fait, mais les bambous des piliers, trop fins, ne résisteront pas à un vent violent. Le grenier s'écroulera... n'oublie pas : après la semence tu rangeras la récolte ici ! Il faut que cela soit bien solide »
Suraphon ne put qu'admettre ces arguments, aussi retourna-t-il, dès le lendemain, à la recherche de bambous plus gros. Après une autre journée de travail ; les bambous se trouvaient loin du village, il remplaça les six piliers par de nouveaux, plus gros et recommença le plancher suspendu. Quand arriva le vieil homme à la figure sage et bienveillante. Il dit :
- « Le travail est bien fait, les bambous sont assez gros, mais ils ne sont pas plantés assez profondément. Le poids du riz les fera tomber bien vite et les animaux se régaleront... »
Suraphon recommença donc son travail, déplanta les six piliers, creusa plus profondément les trous où les planter, les remit dedans, les calant avec de gros cailloux et refit le plancher en hauteur... Le vieil homme arriva, souriant comme à son habitude.
Ce n'est jamais terminé
« Le travail est bien fait : les bambous sont assez gros, les trous assez profonds, mais maintenant les bambous sont trop courts et le plancher trop bas ! Le riz ne sera pas à l’abri de l'appétit des bêtes ni des inondations de la mousson. »
Suraphon retourna à la bambouseraie pour y chercher les piliers gros et longs nécessaires au grenier. Cela lui prit une pleine journée et, de retour au village le lendemain, il recommença la construction en tenant compte des conseils du vieux sage : il planta profondément les six piliers et, avant de refaire le plancher haut, les secoua un par un avec force, mimant la terrible colère d'une tempête. Ayant constaté la solidité de son ouvrage, il continua et monta quatre grands murs de bambous tressés, à la manière de paniers.
Après les murs, il commença le toit et fit une charpente de fins et solides bambous puis la recouvrit de grandes feuilles de bananier, sur plusieurs couches... Quand il eut fini son ouvrage, il se recula pour voir son grenier dans son entièreté et là arriva le vieil homme souriant et sage.
« Le travail est bien fait, les bambous sont assez gros et bien plantés et les murs bien tressés, mais pourquoi ne pas en combler les jours par de la terre ? Ainsi les insectes ne passeront pas et la récolte sera bien à l'abri... »
Ainsi fut fait : Suraphon s'en alla, avec ses buffles attelés à une charrette, vers les rizières pour y chercher la boue nécessaire à l'occultation des murs de son grenier. Cela lui prit toute une autre journée.
Les animaux sauvages et le riz
Pendant ce temps, les animaux des alentours, friands de riz, s'étaient occupé du gros tas de semence laissé seul, tandis que Suraphon passait son temps à la construction du grenier. Quand les murs eurent reçu leur enduit de terre le gros tas n'était plus qu'un petit tas et continuait de rapetisser au fur et à mesure de la visite des cochons, buffles sauvages et oiseaux.
Kitsune le renard
Le vieux sage aux conseils avisés, était Kitsune, le renard métamorphosé ainsi, afin de tromper Suraphon, de l'occuper sans cesse et de laisser, ainsi, le temps aux animaux de manger les semences du riz à venir sans se soucier de demain. Que croyez-vous qu'il fit, quand notre héros, berné, eut terminé le grenier et s'aperçut qu'il n'y avait plus de riz à y ranger ? Il lui dit :
- « Le travail est bien fait, les bambous sont assez gros et bien plantés et les murs bien tressés et bien étanches par la terre qui les recouvre. Le toit est étanche, mais il n'y a plus de riz, tu as trop tardé à force d'erreurs. À cause de toi tu ne peux planter le riz pour l'hiver et il va te falloir, à toi et à ta famille, louer vos bras chez les autres, afin de gagner votre pitance, quelle pitié. »
La morale de cette histoire, puisqu'il en faut une à chaque histoire, est celle-ci : '' Kitsune est dans les détails et le mieux est l'ennemi du bien.''
Elle aurait, tout aussi bien, pu être celle-ci : '' Le faux-ego souvent se déguise pour nous tromper et le perfectionnisme, la culpabilité sont parmi ses armes favorites contre le vrai dévot. ''
Voici ce qu'il faut savoir du faux-égo, cette absence de Connaissance, cette Conscience mal placée que beaucoup prennent pour l'ego. Il est malin et, parfois tel est le nom qui le désigne : le Malin, ou autrement. Quand le chercheur de vérité la rencontre, au détour d'un satsang, il dit, avec la voix de la modestie : « Suis-je digne de rencontrer mon créateur et que ferait-il d'une âme comme la mienne ? » Vous avez remarqué ? Il parle à la première personne comme s'il s'agissait de lui, alors qu'il s'agit de vous et que vous croyez penser ce qu'il dit en vous !
N'écoutez pas vos pensées
Jamais vous ne devez écouter vos pensées
quand il s'agit de spiritualité.
Écoutez-les pour votre travail, vos tâches domestiques
et vos activités mondaines, mais quand il s'agit de votre âme,
de votre destinée spirituelle n'écoutez jamais vos pensées.
Ne faites pas confiance à ce que vous croyez que vous vous dites ;
car ce n'est pas vous qui parlez
mais quelqu'un qui ne vous veut pas du bien.
Écoutez ce qu'il est coutume de nommer votre cœur et qui est, en fait, votre âme. Elle n'utilise pas de mot pour s'exprimer, seulement elle reconnaît la vérité qui est sa source, lorsque le satsang rencontré fait vibrer la corde qui entre en résonance avec lui. Quand cette reconnaissance se passe quelque chose s'éclaire au niveau de la poitrine (Certains disent au niveau du cœur) Faites plutôt confiance à ce sourire intérieur.
" Le mal a tant de noms il est faux-ego, inconscience
Malin et celui-qui-sépare "
Bhaktimàrga 1-4-31
e.mail de contact : lavoie.eu@gmail.com